Nous arrivons au terme de cette semaine dédiée aux droits des femmes, organisée par le CFA des universités. D’article en article nous avons découvert les témoignages de 13 de nos apprenties aux parcours inspirants. Chacune partageant ses ressentis et conseils sur l’expérience d’être une femme dans un milieu traditionnellement masculin.

Ces récits variés, convergent vers un avis unanime : malgré les progrès réalisés pour tendre vers l’égalité homme-femme au travail, il nous reste encore, de nombreux efforts à fournir.

Qui mieux que nos apprenties pour nous en parler ? 

 

Nous vous laissons découvrir cette dernière entrevue avec trois apprenties se destinant à devenir des industrielles. Ambre, Nouhaila et Victorine nous livrent leur vision de l’industrie et la réalité d’un monde, encore aujourd’hui, largement dominé par la présence des hommes.

 

 

Question 1 : Pouvez-vous nous présenter votre parcours et ce qui vous a motivé à choisir votre formation ?

 

Ambre : Je suis actuellement en 3ème année de Génie Mécanique et Productique à l’IUT d’Orléans. Passionnée de sciences techniques et d’aviation, j’ai souhaité après le bac continuer dans cette branche. L’IUT me permettant d’obtenir une base théorique et technique avec les nombreux Travaux Pratiques proposés.

 

Nouhaila : Je suis étudiante en 2e année de BUT Génie Industriel et Maintenance parcours ingénierie des systèmes pluri-techniques et apprentie technicienne de maintenance chez Sanofi. Mon intérêt pour la technologie a commencé pendant mon enfance, j’étais très curieuse de savoir comment les avions fonctionnaient et comment ils étaient construits. Cet intérêt s’est développé au fil du temps, et il m’a poussé à choisir un baccalauréat en sciences et technologies mécaniques. Après mon bac, j’ai opté pour le BUT GIM, pour sa polyvalence dans les matières techniques, et pour la possibilité d’alternance qui m’aide à acquérir une expérience professionnelle et des nouvelles connaissances techniques.

 

Victorine : Issue d’un BAC STI2D, je me suis dirigée vers la formation BUT GIM. Cette formation permet de devenir technicienne de maintenance industrielle. C’est un travail principalement masculin, notamment parce que c’est un métier physique et technique. Ces deux éléments sont généralement rapportés aux capacités des hommes. Cependant, étant attirée depuis le lycée par le domaine des sciences de l’ingénieur, cela n’a pas été une barrière pour moi. Étant habituée depuis mon BAC STI2D à être entourée d’hommes, je me suis dirigée naturellement vers cette formation.

 

 

 

Question 2 : Quels défis avez-vous rencontrés en tant qu’apprenties femmes dans ce domaine et quelles sont les réussites qui ont marqué votre parcours ?

 

Nouhaila : En travaillant dans l’industrie ou dans un lieu de travail dit « masculin », il m’est souvent difficile de prouver que je peux travailler aussi bien que les autres apprentis, surtout qu’il n’y a pas beaucoup de femmes dans ces domaines.

 

Ambre : La recherche de stage et d’un apprentissage peut être compliquée, en effet n’ayant aucune connaissance dans le milieu, je dois donc convaincre les employeurs que j’ai les qualités nécessaires pour être retenue. Ces difficultés m’ont permis d’acquérir des réflexes pour mes futures recherches d’emploi.

 

Victorine : Les défis ont été principalement liés à ma force physique, aux regards portés à mes connaissances techniques ainsi qu’à ma manière de réagir face aux réactions de certains membres de l’équipe – non habitués à la présence d’une femme. Mes réussites face à ces défis, ont été l’accomplissement de plusieurs projets techniques. Lors de ces projets, j’ai travaillé avec mon équipe, ce qui a permis au fur et à mesure du temps de dissiper les aprioris, et d’acquérir, grâce à elle, de nouvelles connaissances. Le partage a permis de renforcer les liens entre nous.

 

 

 

Question 3 : Avez-vous une anecdote sur des personnes de votre entourage personnel ou professionnel qui auraient été surprises de votre orientation professionnelle, ou aurait eu des aprioris sur le fait de voir une femme dans cette position ?

 

Ambre : Je n’ai pas dans mon entourage de personne ayant des aprioris. De plus, étant passionnée depuis toute petite, ma famille savait que je souhaitais travailler dans un domaine comme celui de la productique.

 

Victorine : Certains membres de ma famille ont été surpris de mon choix de parcours sachant que j’étais une personne timide avant de commencer mon apprentissage. Ils craignaient que je ne sois pas acceptée ou que je sois moquée. Du côté professionnel, aux débuts, certains des membres de mon équipe ont été surpris, puis par la suite, une bonne entente c’est créé.

 

 

 

Question 4 : Selon toi, qu’apporte le fait d’être une femme dans ce métier ?

 

Ambre : Je dirais, une vision différente, avec ses points forts et ses points faibles. De plus, la présence d’une femme peut contribuer à apaiser des possibles tensions entre collègues.

 

Nouhaila : Il est certainement difficile d’être une femme exerçant un métier considéré comme un métier d’homme, mais sachant que je fais partie de cette minorité et que je travaille dur pour réussir, je suis heureuse de voir que de plus en plus de femmes, elles aussi, travaillent dur pour mettre fin à ces stéréotypes.

 

Victorine : Cela apporte une nouvelle vision et différentes méthodes. Par habitude, mes collègues sont tout de suite dans l’action lorsqu’un problème arrive. De mon côté, j’analyse et leur montre que cette méthode permet de gagner du temps et de l’énergie. L’avantage aussi, c’est que le gabarit d’une femme, permet d’accéder plus facilement à certains endroits très encombrés. Cela me permet d’éviter certaines blessures récurrentes mais aussi de gagner du temps. C’est un point positif pour le travail en équipe.

 

 

 

Question 5 : En une phrase qu’est-ce qui vous passionne le plus dans votre métier ? qu’est-ce qui vous rend fière ?

 

Ambre : Je trouve passionnant de maitriser la totalité du processus de production ; de la conception à la réalisation. Cette passion se trouve décuplée lorsque l’objet produit est réussi du premier coup.

 

Nouhaila : L’innovation et la polyvalence, c’est ce qui me passionne et me rend fière dans mon métier. Certes, c’est un métier assez difficile, mais il est très intéressant. C’est un domaine où l’innovation et la créativité jouent un rôle très important.

 

Victorine : Ce qui me rend fière et me passionne dans mon métier, c’est de pouvoir travailler dans un secteur qui me plait, avec une bonne entente, un partage de connaissance et une possibilité d’évolution tout au long de ma carrière.

 

 

 

Question 6 : Quelle est votre vision sur l’égalité homme-femme au travail ?

 

Nouhaila : L’égalité femme-homme est impérative au travail, surtout dans les métiers industriels. Cela permet d’offrir de meilleures conditions de travail à tous les employés ainsi qu’un lieu de vie sympathique et convivial.

 

Victorine : Nous devons tous avoir les mêmes droits, sans oublier d’allier les points forts des hommes et des femmes, pour permettre la meilleure qualité de travail possible.

 

 

 

Question 7 : Quel conseil donnerez-vous à d’autres femmes qui envisagent une carrière similaire ?

 

Ambre : Actuellement, je ne connais personne dans mon domaine qui m’inspire après, cependant, il y a de nombreuses personnes que j’admire en dehors de celui-ci.

Mon conseil serait d’être têtue, de ne pas abandonner et de toujours se battre.

 

Nouhaila : Pour toutes les filles qui veulent se lancer dans l’industrie ; travaillez dur pour poursuivre vos rêves professionnels. Vos capacités ne connaissent pas de limites. Vous avez le pouvoir de façonner votre propre avenir. Ne laissez personne vous sous-estimer, et faites toujours de votre mieux.

 

Victorine : Je n’ai pas connu d’autres femmes avant de devenir apprentie. Mon conseil est de suivre le parcours scolaire qui nous correspond et de ne pas se freiner, car malgré les aprioris, travailler avec des hommes, c’est de la bonne humeur, de l’entraide et du partage.

 

 

 

Les témoignages d’Ambre, Nouhaila et Victorine sur leur travail au sein du milieu industriel, ainsi que leurs conseils mettent en lumière l’importance de la persévérance, de la confiance en soi et du soutien mutuel. En défiant ensemble les préjugés et en œuvrant pour une véritable égalité des chances, nous pouvons forger un monde professionnel plus équitable et inclusif pour tous.

 

Nous espérons que les récits de nos 13 apprenties auront eu un impact significatif, en sensibilisant chacun à la nécessité continue d’efforts. Pour qu’aucune femme n’ait plus jamais besoin de témoigner sur son désir d’exercer des « métiers d’hommes. »